Bilan 2018/2019 et Perspectives 2020 du partenariat CUMA Bénin-Fondation Avril

En 2019, CUMA Bénin a connu des évolutions importantes à travers le travail remarqué des animateurs sur le terrain. On note un fort développement de l’activité transformation.

Sur 66 CUMA constituées, 14 CUMA ont bénéficié des crédits à taux zéro et les premiers remboursements ont été effectués. Cela signifie que l’objectif de pérenniser et de rendre les actions durables est en train de prendre corps.

L’un des événements le plus marquant de l’année 2019 est la « journée Tapioca » qui a drainé plus de 200 femmes, les animateurs des CUMA du BENIN, les élus de l’UN-CUMA Bénin et des différentes UD-CUMA, la Directrice Générale de l’Agence Territoriale de Développement Agricole ZOU/COUFFO (ATDA), la Directrice, Départementale de la Direction départementale de l’agriculture de l’élevage et de la pêche du Couffo, le Maire de  Dogbo, le Président et le secrétaire général de l’Association CUMA BENIN Nlle AQUITAINE, la Responsable qualité de la FUPRO et les autorités de locale  . Ces journées de communication ont pleinement atteint leurs objectifs :

  • Permettre aux adhérentes des différentes CUMA d’échanger entre elles et de confronter leurs expériences.
  • Faire connaitre aux officiels l’importance de cette transformation dans l’économie locale et évoquer avec eux les perspectives d’avenir.
  • Mettre en avant la nécessité d’une démarche qualité, indispensable à la conquête de nouveaux marchés.
  • Exposer et présenter le matériel de transformation du manioc
  • Rendre concrètes les actions de CUMA BENIN au travers des financements mis en place ; et de ce fait leur faire comprendre l’importance du réseau et le rôle prépondérant des animateurs locaux.

Il faut signaler que la fermeture des frontières Bénin -Nigéria depuis août 2019 a été un fait négatif  pour les adhérents du réseau CUMA Bénin qui n’ont pu vendre au prix rémunérateurs certaines de leurs récoltes.

 

I. Rapport d’activité, bilan, perspectives.

A.   Les indicateurs  du rapport activité.

A.1 Année 2019

  • Nombre de producteurs formés (au soja) en 2019 sur un total de 262 producteurs = 62
  • Nombre d’hectares emblavés en soja en 2019 = 487
  • Rendements en soja en 2019 (2018 = 1,26 t/ha) = 1,55 t/ha
  • Nombre de femmes leaders des CUMA formées au process Mon Soja = 12
  • Nombre de CUMA de transformatrices de soja créées = 22
  • Nombre de CUMA de femmes équipées en matériel soja (et nombre de femmes correspondant) : 10 CUMA équipées soit 105 femmes adhérentes.

Autres données chiffrées à mettre en valeur en 2019:

  • Acquisition de Batteuse -Vanneuses : 5
  • Nombre de CUMA de femmes formées sur la tenue des documents de gestion : 12
  • Nombre de CUMA de production de Soja : 48
  • Quantité de soja produit en tonne :758

A.2. Années 2018 + 2019 –

  • Nombre total de producteurs formés (au soja) sur 2 ans = 262
  • Nombre d’hectares emblavés totaux en soja (2018 +2019) = 250+487 = 737
  • Nombre total de femmes en CUMA formées : 22
  • Nombre total de femmes formées au process Monsoja : 12
  • Nombre total de CUMA équipées en matériel soja (et nombre de femmes correspondant) : 10 CUMA soit 105 femmes
  • 34 % des CUMA de femmes interviennent dans la transformation du soja
  • 58 % des CUMA de production cultivent le soja.

 

B.   Bilan – Focus sur les activités soja soutenues par la Fondation Avril en 2018 et 2019

Les animateurs dans leur activités quotidiennes ont sensibilisé et formé de nouveaux producteurs de soja (planification, rappel de l’utilisation de l’inoculum, la densité, la récolte).

Les actions prévues sur les deux ans ont été ainsi réalisées et ont permis de connaître les avancées significatives suivantes :

  • Pour les femmes, la formation au process MonSoja  ( SENS) a été adoptée et les équipements fournis grâce au  prêt à taux zéro correspondent à leur attente.
  • La mise en place des équipements de transformation pour 10 CUMA de femmes soit 105  adhérentes, un levier important pour augmenter la production du tofu et les revenues des femmes.
  • Les multiplicateurs de semence, ont été soulagés par les batteuses-vanneuses mises à leur disposition dans l’accomplissement de leurs travaux car l’activité traditionnelle de battage -vannage du soja constituait un goulot d’étranglement.
  • Pour les producteurs, l’introduction de l’inoculum et le respect de la densité de semis constituent des éléments nouveaux favorables à l’amélioration du rendement. La technique de récolte apprise lors des formations permet de fixer l’azote dans le sol et d’avoir un soja de qualité sans sable.
  • Cette action de promotion de la filière soja en lien avec la mécanisation agricole constitue pour l’équipe technique une activité concrète pour valoriser au mieux le modèle CUMA.
  • le développement de la filière soja facilite la création des entreprises en milieu rural, génératrices d’emplois et limitant l’exode citadin.

Le tableau ci-dessous présente les résultats de 2019 par département :

Département Superficie 2019 Nombre de CUMA Nombre de Producteurs
Alibori 107 17 71
Borgou 287 18 162
Collines 55 3 17
Couffo 36 8 10
Mono 3 2 2
TOTAL 487 48 262

 

C.   Perspectives – Focus sur les projets 2020

Pour 2020, le réseau CUMA Bénin a pour défis de poursuivre et de consolider ces actions à travers :

  • L’amélioration de la sécurité alimentaire, nutritionnelle et économique des ménages agricoles du réseau CUMA par le renforcement des capacités des producteurs et transformatrices de trois (03) grandes filières que sont le manioc, le maïs et le soja.
  • La promotion d’une agriculture respectant l’environnement à travers le développement des méthaniseurs familiaux valorisant les déchets agricoles et diminuant la pénibilité ( récolte et transport du bois de la forêt ; et la formation sur l’agroforesterie.

La poursuite du partenariat avec la Fondation Avril doit permettre de faciliter la consolidation des acquis et le renforcement des actions passées ; tout en améliorant les conditions de production, de transformation et de commercialisation des producteurs et productrices de soja au sein du réseau CUMA au Bénin.  Spécifiquement, il s’agit de faire du soja une filière créatrice d’emplois en milieu rural. Les résultats suivants sont attendus :

  • de petites unités de transformation sont renforcées, développées et améliorent les conditions de travail et les revenus des  femmes ;
  • une unité de production d’l’huile de soja pour l’alimentation humaine et de tourteau de soja est mise en place en CUMA et fonctionnelle ;
  • un mécanisme d’accès au marché  des producteurs et transformatrices de soja du réseau CUMA est mis en place.
  • Des journées Soja sont organisées, sur le modèle des journées Tapioca, pour capitaliser sur les acquis, réunir les acteurs (trices) du soja, les élus et les organisations professionnelles. Ces journées permettront de mieux faire connaitre aux consommateurs ( via les reportages) la filière de qualité mise en place autour du soja.

L’association CUMA BENIN dépose un dossier complémentaire auprès de CFSI/Fondation de France (date limite22/02) afin de continuer à structurer la filière Soja , en s’appuyant sur l’expérience du tapioca.

Afin de commercialiser une production de qualité, il faut qu’elle soit connue et reconnue, Que les transformatrices déjà habituées à travailler en groupe au sein de la CUMA s’organisent pour la commercialisation soit en circuit court sur les marchés proches ( ventes pour le groupe ?) ou en se dotant des équipements nécessaires ( magasins de stockage) pour avoir accès aux marchés des grossistes.

II.  Interviews.

Etienne SERO MOÏSE, agriculteur membre d’une Cuma et produisant du soja :

  • Que vous a apporté le projet ?   » Le projet soja m’a été d’une grande utilité. Tout d’abord grâce à la formation j’ai été outillé sur les itinéraires techniques de la culture du soja, j’ai bénéficié de subvention sur les semences et j’ai pu obtenir une batteuse-vanneuse subventionné également. »
  • Comment voyez-vous le soja au sein de votre exploitation à l’avenir et pourquoi : culture accessoire, importante… ?  » La production du soja devient pour moi une culture incontournable. Vue l’appauvrissement considérable de nos sols, grâce à la production du soja, on favorise la régénération du sol. »
  • Quels sont les principaux freins au développement du soja selon vous ? « Selon moi, compte tenu de notre contexte béninois, les freins au développement de la culture du soja sont liés à l’accès à un marché rémunérateur et à l’insuffisance ou la quasi inexistence des unités de transformation du soja pouvant apporter de la valeur ajoutée au soja que nous produisons. »
  • Pourquoi êtes-vous organisé en Cuma ? « La Cuma me permet de mécaniser mon exploitation par la mutualisation des matériels agricoles. La Cuma me permet aussi de bénéficier des formations grâce aux partenariats. »
  • Quel est l’évènement/le fait marquant/l’anecdote que vous retiendrez de l’année 2019 concernant votre activité soja ? « Pour avoir un bon rendement dans la production du soja, il faut une bonne densité. Mais avec des semis manuels comme nous le faisons chez nous, il  est difficile de respecter cette densité. En 2019, j’ai pu semer le soja avec le semoir mécanique. Cette expérience m’a marqué positivement dans mon activité. C’est la première fois que je sème du soja au semoir, peut-être même que je suis le tout premier agriculteur béninois qui le fait. »

 

Etienne dans son champ de Soja à la veille de la récolte.

 

Etienne SERO MOÏSE

Membre de la Cuma NASSARA de Guéré, Commune de Bembéréké, Département du Borgou (Nord Bénin), âgé de 52 ans. De cinq (05) hectare en 2003, Etienne a maintenant une grande exploitation d’une centaine d’hectares avec différentes cultures : maïs, soja, coton, igname.

 

Adèle ANATOVI, transformatrice en Cuma  ayant suivi la formation Monsoja et produisant du tofu Monsoja.

  • Pourquoi êtes-vous organisées en Cuma ?  » Nous sommes en Cuma pour mutualiser nos moyens et s’entraider pour alléger nos souffrances à travers notre activité quotidienne. »
  • Pourquoi faites-vous du tofu ?  » Nous faisons du Tofu (Fromage de soja) pour améliorer nos revenus et apporter des protéines à nos populations qui ont difficilement accès à la viande. »
  • Que vous a apporté le projet Soja-Cuma ? « Grâce au projet Soja, nous avons pu obtenir des équipements à crédit à taux zéro pour la transformation. Nous travaillons aussi en groupe dans un collectif. Nous avons reçu la formation (renforcement de capacités) sur le processus de fabrication de Tofu MonSoja. »
  • Pourquoi avez-vous adopté Monsoja ? « Nous avons adopté le Tofu Monsoja compte tenu de sa qualité organoleptique, le processus de fabrication est aussi un élément important de son adoption. Cela demande moins de travail par rapport à notre première manière de produire. »
  • Qu’est-ce que vous voulez améliorer/modifier en 2020 dans votre activité ? « Au cours de cette année, nous avons la volonté de trouver une technique de conservation qui pourrait permettre au Tofu de se conserver pendant plusieurs jours. »

 

Adèle ANATOVI

Présidente de la CUMA ALOLE ALOME, Commune de Comé, âgée de 46 ans. Intervient dans la transformation du soja en toffu. Au début elle travaillait avec les moyens du bord et transformait à peine5 kg de soja par semaine. Aujourd’hui, elle transforme à elle seule 20 kg de soja par semaine. Elle utilise les équipements de la CUMA pour améliorer les conditions de travail.