Formation « Semoir maïs » Juin 2018

C’est en réponse à une demande faite à Thierry GUERIN ,en avril dernier, par deux « emblématiques » présidents de CUMA (Bio Gorado pour la CUMA de Marégourou et Etienne pour la CUMA de Bembéréké), que nous nous sommes rendus, Jean-Claude et moi, dans la région du Borgou. Ces deux présidents possèdent chacun un semoir à maïs mais ignorent totalement la façon de s’en servir, d’où cette mission.

Objectif de la mission : maîtriser l’utilisation d’un semoir mono-graine pneumatique et être capable de réaliser un semis de maïs.

Pour en arriver là, plusieurs étapes leurs seront nécessaires :

1/ prendre conscience des changements que va apporter le semis mécanique

2/ obligation de soigner la préparation du sol avant le semis

3/ connaître le fonctionnement du semoir

4/ en maîtriser l’utilisation et les réglages afin de réaliser le semis.

Cette chronologie sera la ligne directrice des  formations que nous dispenserons dans chacune de ses deux CUMA.

Nous débutons par la CUMA de Marégourou sur l’exploitation de Bio Gorado qui met à notre disposition: parcelle, semoir, tracteur et son chauffeur Alassane.  Je connais et apprécie ce chauffeur, sérieux et consciencieux, puisque je l’ai formé à la conduite du tracteur en 2009 et revu plusieurs fois depuis. Le semis de cette parcelle fera évaluation et clôturera la formation.

L’exploitation de Bio Gorado (avec la casquette) qui nous montre la parcelle support de la formation 

Avec les participants présents, des membres de la Cuma de Marégourou et des jeunes du lycée agricole de Kika en  « stage pratique » sur l’exploitation de Bio Gorado, la formation débute volontairement par la visite de la parcelle dédiée, au labour pratiquement terminé.

 Bio Gorado peu satisfait du résultat très « chaotique » du labour qui s’explique par l’absence de roue de jauge ;  et la végétation résiduelle en surface par l’absence des rasettes…

Support idéal (si je puis me permettre !) pour mettre le doigt sur les changements dans les us et coutumes et dans  les façons de travailler que va engendrer l’utilisation du semoir mono-graine par rapport au semis manuel :

1/  un  labour aussi « chaotique » ne peut être ensemencé mécaniquement dans cet état mais doit être aplani et affiné en surface. Dans notre cas, deux passages de herse plate seront nécessaire, au lieu d’un seul sur labour bien réalisé.

2/  il faut bien avoir à l’esprit qu’on ne sème plus en poquet (3 à 4 grains tous les 60 cm) mais grain par grain d’où une attention particulière à la qualité de la semence

3/ la végétation résiduelle en surface et les souches sont à proscrire évidemment.

Les échanges se poursuivront sous le manguier où nous découvrons et faisons découvrir le semoir support de la formation :  – semoir mono-graine pneumatique 4 rangs Nodet-Gougis, modèle PNEUMASEM 2, de bonne présentation et s’avérant fonctionnel.

 le semoir de Bio Gorado

Après la présentation du mode de fonctionnement, des différents réglages et la façon d’utiliser le semoir, la phase pratique se déroule sur la parcelle.  Là, chaque modification de la densité et/ou de la profondeur choisie par les stagiaires est vérifiée par un essai sur quelques mètres et rectifiée si besoin. Après les premiers sillons effectués par nos soins, Alassane effectue les siens.

Les premiers sillons !

A tour de rôle, Jean-Claude ou moi, restons avec lui sur le tracteur pour lui distiller, au fur et à mesure de ses besoins ou de ses interrogations, les conseils et précautions à prendre pour une parfaite réalisation du semis.

Celui d’entre nous qui n’est pas avec le chauffeur, suit (avec le reste des stagiaires ne sachant pas conduire le tracteur) le travail du semoir. Ce qui nous permet d’effectuer des critiques constructives du travail réalisé et de rappeler toutes les notions vues au long de cette formation.

Avec quelques jeunes du lycée agricole de Kika, passionnés par la mécanisation agricole…

… plus que par « les travaux pratiques » !!                                                                                                                                            

 Cette première formation se terminera par le semis complet de la parcelle (5ha00) avec un résultat très encourageant et une fierté peu affichée certes, mais bien réelle d’Alassane.

 Alassane heureux d’abandonner houe et daba !

En prélude à la formation de Bembéréké, un bilan de l’état du semoir Monosem se trouvant chez Etienne s’impose.

 Le semoir MONOSEM d’Etienne et son besoin d’huile… de coude !                   

Bilan qui confirme que le climat béninois est sévère pour un matériel resté 10 ans sans fonctionner et sans abri :          – chaîne de boite à vitesse sectionnée par la rouille, axes et chaînes des éléments semeurs grippées, pneus « fatigués », trappes de vidanges des trémies absentes, bride d’attelage manquante… Petit espoir malgré tout car aucune partie non réparable ne semble endommagée.

Même aidés par quelques stagiaires, nous mettons une journée à, laborieusement, dégripper les différents axes et chaînes et regonfler les roues heureusement sans crevaison…

Et puis le lendemain, miracle béninois !! Après une recherche dans tout Bembéréké (avec un Etienne qui connaît heureusement beaucoup de monde), nous réussissons à faire fabriquer les pièces manquantes et trouver une adresse à Parakou qui peut nous envoyer la chaîne introuvable sur place. Pièce que nous recevrons 24 heures après. Rien à envier à « Chronopost » !!

Etienne supervisant la fabrication des pièces manquantes du semoir

Nous pouvons donc pratiquer aux essais du « ressuscité »,  ce qui permet de nous rassurer sur le bon fonctionnement de la machine.

Le tracteur (don suisse au district de Bembéréké et seul à ne pas être en panne…)  qui va nous permettre d’essayer le semoir en conditions réelles 

Privés de la parcelle destinée à la formation par un quiproquo entre Abraham et Etienne nous réalisons les essais dans la cour.

 Essais d’un grand intérêt pour  grands et petits !

Maîtrisant la conduite du tracteur, Etienne, très intéressé et très volontaire durant toute cette formation et ayant suivi également celle chez Bio Gorado, s’engage à effectuer lui-même le semis mécanisé dès que sa nouvelle parcelle sera prête.

C’est sur cette espérance que nous clôturons la formation de Bembéréké. Aux dernières nouvelles d’Abraham, c’est chose faite, même si la réalisation s’est avérée laborieuse. Chapeau Etienne !!

Merci à Bio Gorado pour son accueil et l’agréable séjour qu’il nous a réservé et le grand intérêt qu’il a porté à cette formation.

Merci à Etienne pour son organisation parfaite de ces quelques jours à Bembéréké et son accueil au sein de sa famille, sans oublier son épouse pour notamment les menus spécialement destinés à nos fragiles organismes ! Et bien sûr un salut à mon complice Jean-Claude, très discret sur les photos. Mais vous l’aurez compris, il était derrière l’objectif !

Une visite passionnante concoctée par Etienne : l’usine de Bembéréké en pleine activité.

         Coton issu des récoltes et envoyé vers les machines procédant à l’égrenage (séparation de la graine et de la fibre)

 Ballots de fibre de coton prêts pour l’expédition vers les filatures

 Ensachage des graines pour les futurs semis   

 

Information importante, à mon sens :                                                                                                                 

Bio Gorado souhaiterait que son chauffeur Alassane puisse venir en France se perfectionner et constater la réalité de nos propos distillés au cours des formations…   

M’ayant fait cette demande, je lui avais textuellement rétorqué sous forme de boutade que : « si vous lui payez le billet d’avion, je le prends en charge en France dès sa descente d’avion !» Quelle ne fut pas ma surprise, lorsqu’il répondit « d’accord » !

C’est bien la première fois que j’entends un responsable faire une telle requête… D’habitude, ils plaident plutôt leur cause que celle des chauffeurs !!!

Tant et si bien qu’à plusieurs reprises il a insisté pour que nous appuyions sa demande auprès de CUMA Bénin et confirmé la tenue de ses engagements. Il va sans dire que de mon côté, je tiendrai les miens.                                             A suivre donc…

Bernard CLUZEL (juillet 2018)